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Le besoin de penser

Le Besoin de Penser est un blog d'étude et d'enseignement sur la philosophie et ses périphéries. Son contenu n'est pas sans taches. Mais déjà, il est susceptible d'apporter un plus en matière de connaissance. Nous espérons donc que ce blog répondra à vos attentes. Vos suggestions et observations seront considérées.

QU'EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?

 

Problème : La définition de la philosophie et son utilité.

 

Problématique : À quoi sert la philosophie dans un monde en pénurie alimentaire, de soif, de bonne condition de vie ?

 

Méthode : Historico-analytique.

 

Introduction.

Les préjugés qui dégradent la philosophie sont dus aux différentes considérations dont elle fait l’objet aux yeux du profane. Selon ce dernier, la philosophie est aliénation, négation; elle serait une discipline réservée aux fous et aux rêveurs. La raison en est qu’elle n’apporte rien de concret à l’amélioration des situations existentielles de l’homme. Pour ce fait, il faudrait la rayer et la substituer aux sciences pures qui, semble-t-il, répondent favorablement aux besoins quotidiens de l’homme. De telles accusations invitent à une ré-évaluation de la philosophie afin de la définir et de mieux comprendre ce qu’elle véhicule comme pédagogie ; Cette définition se fera à partir de la question de départ qui se formule en ces termes: à quoi sert la philosophie dans un monde en pénurie ? Question que pose implicitement le non-philosophe. Il ne s’agit pas, rappelons-le, d’une tentative de justification ou d’explication, mais plutôt une invitation à l’analyse interne du concept même de philosophie à travers son historicité. Et pour que cela soit possible, nous l’étudierons à partir de son objet, sa méthode et sa finalité.

 

Approche étymologique et brève historicité du concept « Philosophie ».

Le mot ‘’philosophie ‘’ vient de deux vocables grecs à savoir: ‘’Philein ‘’ qui signifie ‘’Aimer ‘’ et ‘’ Sophia ‘’ qui signifie ‘’ Sagesse ‘’. À ce niveau, nous pouvons définir la philosophie comme <<amour de la sagesse>>. Cette définition est l’œuvre du philosophe mathématicien Pythagore de Samos qui a vécu au VI siècle avant Jésus-Christ. En effet, Pythagore ne se voyait pas lui-même comme un sage bien que ses contemporains disaient qu’il l’était. Or, il se trouvait que le Tyran Léon avait formé une communauté de sept (07) sages considérés comme les trésors de l’histoire et de la pensée athénienne. La nouvelle se répandit que Pythagore se déclarait être le huitième et le plus sage des sept. De telles affirmations n’étaient pas bien perçues dans l’environnement de Léon qui décida de traduire en justice. Devant la barre, le juge (Léon le Tyran) pose cette question à Pythagore :<< Es-tu un sage ? >> . Et celui-ci de répondre: <<Non je ne suis pas un sage mais plutôt un ami de sage >>. En d’autres termes,  je ne suis pas un Sophos mais un Philosophos. C’est de cette affirmation que vient la définition de la philosophie comme amour du savoir. A cette période, la philosophie n’était pas perçu comme elle le sera avec des penseurs comme les philosophes de la nature (Thalès de Milet, Anaximandre, Anaximène. etc.), les socratiques (Socrate, Platon, Aristote. etc.) et les post-socratiques (Saint Thomas d’Aquin, Saint Augustin, Descartes, Kant. etc.). Elle était plutôt considérée comme un instrument de défense pour s’échapper des accusations qui auraient pu lui coûter la vie.

Selon Platon, la philosophie doit commencer par une prise de conscience de son ignorance et ensuite une recherche permanente du savoir pour une élévation effective dans le monde idée. Aristote s’opposera à cette conception de la philosophie et dira que le philosophe est celui qui possède la totalité du savoir dans la mesure du possible. Une affirmation qui se verra tout de suite critiqué du fait de la finitude humaine. Descartes dit de la philosophie qu’elle est un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique et les branches toutes les autres sciences à savoir la chimie, la médecine et la morale. Avec Karl Jaspers, nous entrons dans une autre dimension de la philosophie. Pour lui, la philosophie se veut se veut une discipline du questionnement. Il le dit en ces termes : « En philosophie, les questions sont plus importantes que les réponses car chaque réponse est une nouvelle question ». Qu’en est-il de la méthode en philosophie ? Y’a-t-il une ou plusieurs méthodes en philosophie ?   

 

Les méthodes philosophiques.

Du grec Méta et odos, la méthode désigne un chemin, un ensemble de règles et de procédés qu'empreinte la raison pour atteindre la vérité. (Cf. Des-cartes, Discours de la méthode). De façon sommaire, il y a une seule méthode en philosophie : c’est la méthode réflexive. Mais cela n’empêche à chaque penseur qui s’y penche de marquer son originalité. Ainsi, nous pouvons donc noter comme méthode :

 

L’ironie socratique.

L’ironie socratique est l’art de questionner en feignant l’ignorance. C’est-à-dire, l’art de poser de questions en faisant semblant d’ignorer la réponse; réponse que nous connaissons déjà préalablement. C’est une méthode donc Socrate se sert pour dé-masquer les pseudo-savants, ceux qui croient savoir pourtant, en réalité, ne savent pas. L’ironie socratique est l’autre nom de la maïeutique socratique. Celle-ci se définit comme l’art d’accoucher les esprits c’est-à-dire l’art d’emmener l’interlocuteur à découvrir la vérité par lui-même en allant d’obstacle en obstacle, de difficultés en difficultés. Par le questionnement, nous dévoilons l’ignorance inconsciente des autres; nous mettons en doute les vérités toutes faites, les axiomes. Par la méthode du questionnement telle que l’a inauguré Socrate, nous sortons de tout dogmatisme, de tout absolutisme, pour un réveil et un éveil de la pensée, de sa conscience jusqu’ici endormie. Il s’agit donc d’une invitation à l’usage de sa pensée.

 

La dialectique platonicienne.

La dialectique désigne le <<mouvement vers la connaissance>>. Elle est un dépassement des vérités immédiates, premières, qui se présentent à notre esprit. Sa particularité majeure est la rupture avec tout ce qui a trait à l’apparence, au paraître bref à tout ce qui émane du sensible.

Les différentes erreurs présentes dans les idéologies et dans les notions utilisées sont dues à une saisie partielle de l’esprit dialectique. En effet, la dialectique tire sa valeur et/ou son importance du fait qu’elle est un instrument de la pensée philosophique. Elle promouvoit l’analyse critique et l’éducation qui permettent de transcender le sensible pour l’intelligible c’est-à-dire l’Idée.

Dans sa dialectique, Platon distingue deux mondes: le monde sensible qui est celui du désordre, de l’illusion, des apparences. C’est un monde où les valeurs deviennent des anti-valeurs et les anti-valeurs des valeurs. C’est la manifestation de la caverne, lieu où les ignorants sont enchaînés, nourris par l’obscurité et l’amalgame. La seule possibilité dont le caverneux dispose pour s’en échapper est l’éducation (l’ascèse aussi) car elle est la voix pour le monde des Idées.

Le monde intelligible ou des Idées; c’est le monde de la vérité, de la connaissance par excellence; c’est un monde où règne la lumière, une lumière intarissable. Par l’acquisition des savoirs, par la connaissance de la vérité, de l’essence des choses, l’ignorant conscient de son ignorance à la possibilité de se déchaîner du sensible pour l’intelligible afin de mieux contempler la lumière. Certes, ses premiers jours dans le monde intelligible ne seront pas aisé du fait de la forte lumière. Il va donc falloir que ses yeux s’y habituent. Une fois cela fait, il doit être à même de délivrer ses anciens compagnons encore enchaînés.

Dans la période moderne, Hegel conçoit la dialectique comme une conciliation des contraires dans les choses comme dans les pensées. En d’autres termes, il y a dialectique quand trois éléments sont pris en considération. D’abord l’élément A qui est la thèse soutenue, ensuite l’élément B qui est la limite ou les zones d’ombres observées dans la thèse (A) et enfin l’élément AB qui est la synthèse extraite de A et de B.

 

Le doute chez Des-cartes.

Dans son Discours de la méthode, Descartes définit la méthode comme l’ensemble des règles certaines et faciles grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposent jamais vrai ce qui est en réalité faux. Elle est une règle qui permet à l’homme de se sauver des amalgames. Elle fait appel au bon usage de la raison. Et à ce titre, Descartes dit dans la première phrase :<<Le bon sens est la chose du monde la mieux partagé>>.

La méthode chez Descartes s’inspire des mathématiques parce qu’elles sont les seules disciplines à avoir prouvé par des démonstrations l’efficacité de la raison humaine, sa faculté à penser et à parvenir à des vérités certaines grâce à l’activité de cette pensée. La méthode cartésienne repose sur quatre (04) règles :

-> La règle de l’évidence :<< Ne recevoir jamais aucune chose pour vrai, que je ne la connusse évidemment être telle; c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus à mes jugements, que ce qui se présenterait clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute >>. Cette règle consiste à récuser les affirmations obtenues par ouïes-dire, à n’admettre pour vrai que ce dont nous ne pouvons douter, ce qui est clair et distinct.

 

-> L’analyse :<< Diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre>>.

 

-> La synthèse :<< Conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précédent point naturellement les uns les autres>>. La synthèse consiste à aller du plus facile au plus complexe et du plus simple au plus composé par des transitions rigoureuses.

 

-> Le dénombrement :<< Faire partout des dénombrements si entier, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre>>.

 

L’objet de la philosophie.

La philosophie a-t-elle un objet ou alors des objets?

 

La spécialisation de la philosophie a donné naissance à une plurielle de disciplines. Par cette balkanisation de la philosophie et par l’autonomisation des disciplines filles, il devient important de noter que la philosophie à plusieurs objets (psychisme, l’espace, le corps humain, nature, l’homme et l’être social, métaphysique…) mais que, de façon universelle, elle en a qu’une seule et cet objet c’est l’homme dans son intégralité vivant dans son biotope. L’homme fait partir de sa biocénose. C’est par et dans cet écosystème que la philosophie se pratique et s’émancipe. En ramenant toute l’activité philosophique à quatre (04) questions, Emmanuel Kant a su montrer l’homme comme objet de la philosophie. Selon lui :<< Toute l’activité de la philosophie se ramène aux quatre questions suivantes: 1) Que puis-je savoir? 2) Que dois-je faire ? 3) Que m'est-il permis d’espérer ? 4) Qu’est-ce que l’homme? À la première question répond la métaphysique ; à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l’anthropologie [...], on pourrait ramener les trois premières à la dernière>>. Autrement dit, le but de la philosophie c’est l’homme car il est le centre de ses réflexions. C’est à travers lui que la philosophie se développe. Le rapport de l’homme à la philosophie ne signifie pas que celui-ci la possède car elle n’est pas une palpabilité encore moins une possession. Elle est une activité ou un exercice de réflexion voire une étude. Ceci dit, la philosophie se pense, s’étudie, se vit mais ne se possède pas. A ce sujet, le philosophe Allemand affirme :<<Où est la philosophie ? Qui l’a en sa possession ? On ne peut qu’apprendre à philosopher >>. La philosophie est réflexive et elle s’apprend par l’exercice permanent de notre raison.

 

La finalité de la philosophie.

La philosophie a en elle une plurielle de finalités. Parmi elles, nous avons l’invitation à la quête permanente du savoir, c’est-à-dire l’amour de la sagesse. Cet amour doit se chercher quotidiennement et en permanence dans tous les domaines scientifiques ceci dans le but de nous instruire et de nous sortir de la caverne, monde des préjugés, des confusions, de l’obscurité. La philosophie a aussi pour finalité la conduite vers la prise de conscience de nous-mêmes, de chercher à nous découvrir dans l’optique de mieux nous connaître et de nous posséder. Elle se donne aussi pour finalité l’éveil de notre pensée par les réflexions sur la nature, sur notre environnement. Elle suscite aussi en nous le sens du questionnement, le goût de la recherche et surtout le refus des vérités immédiates et absolues.

 

Conclusion.

Le travail soumis à notre analyse était de répondre à la question qu’est-ce que la philosophie ? il découle de notre travail qu’elle est une discipline qui vise le développement physique, psychologique et spirituelle de l’homme. Elle est aussi une science qui invite à penser la nature, son origine. Par sa méthode, son objet et sa finalité, nous avons montré qu’elle une discipline qui s’échappe de tout préjugé mettant en branle son étude. Pour ce fait, nous sommes donc en droit d’affirmer l’idée selon laquelle sans philosophie, il n’y a pas de vie.

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